Pourquoi choisirait-on une configuration bimoteur pour un avion de chasse ?
Eh bien, un avion plus grand était nécessaire pour augmenter son rayon d’action, disposer de plus d’armes, accueillir un deuxième pilote ou encore faire fonctionner un radar. Nous avons ici sélectionné les dix meilleurs avions de cette catégorie fascinante de la Seconde Guerre mondiale.
10 : Westland Whirlwind

Le Whirlwind était un chasseur bimoteur monoplace, lourdement armé, conçu pour de hautes performances et qui se caractérisait par une grande attention portée à l’aérodynamique. Il était propulsé par deux moteurs Rolls-Royce Peregrine, refroidis par un système de radiateurs montés dans la structure interne de l’aile.
Malgré les problèmes rencontrés par les moteurs, le Whirlwind était apprécié des équipages pour sa « délicieuse maniabilité », son armement lourd composé de quatre canons de 20 mm et la bonne perspective qu’il offrait depuis sa verrière à bulle. Ses performances étaient particulièrement satisfaisantes à basse altitude, et on les a même qualifiées de « supérieures à celles de n’importe quel chasseur monomoteur contemporain ».
10 : Westland Whirlwind

Ses performances diminuaient cependant à haute altitude, principalement à cause du choix du moteur et de l’hélice. Les livraisons de moteurs ayant retardé la mise en service opérationnelle du Whirlwind après la bataille d’Angleterre, et les tactiques de combat aérien se concentrant sur les engagements à haute altitude, seulement deux escadrons utilisèrent cet appareil.
Lors d’un affrontement en août 1941, quatre Whirlwinds furent attaqués par 20 chasseurs Messerchmitt Me 109. Malgré une supériorité numérique de cinq contre un, le résultat a été plutôt équitable, avec deux Me 109 détruits et trois des quatre Whirlwinds endommagés. Dans de telles circonstances, c’était un véritable exploit, qui témoigne de la qualité de l’avion, du moins à basse altitude.
9 : Nakajima J1N1-S Gekko

Le Nakajima J1N Gekko a vu le jour en 1938, lorsqu’il était devenu évident que les bases aériennes chinoises étaient hors de portée des chasseurs embarqués de type 96 alors en service dans la marine japonaise, et que les raids de bombardement sans escorte entraînaient des pertes. Le cahier des charges prévoyait une bonne manœuvrabilité au combat, combinée à un long rayon d’action de 2408 km, un armement lourd (canons de 20 mm et mitrailleuses) et une vitesse maximale de 518 km/h.
Les premiers essais du J1N1 ont été décourageants : on le jugeait trop lourd et insuffisamment maniable, même s’il avait un bon rayon d’action et une bonne vitesse.
9 : Nakajima J1N1-S Gekko

L’avion a été redessiné pour devenir un avion de reconnaissance basé au sol. Il est entré en service sous le nom de J1N1-C. En 1943, on a procédé à des tests en installant deux canons de 20 mm pointant vers le haut et deux autres vers le bas pour l’utiliser comme chasseur de nuit. Le succès de cet avion d’essai, qui abattit deux B-24, amena la marine japonaise à développer un chasseur de nuit, le J1N1-S Gekko (Moonlight), spécialement conçu à cet effet.
L’avion s’est révélé très efficace contre le B-24, mais moins contre le B-29, qui était plus rapide. Ses performances étaient tout à fait honorables, avec une vitesse maximale de 507 km/h à 5800 mètres d’altitude, et un rayon d’action normal de 2540 km. En tout, 479 J1N1 ont été construits, dont au moins deux tiers étaient des chasseurs de nuit J1n1-S ou J1n1-Sa.
8 : Northrop P-61 Black Widow

Le P-61 Black Widow était également le premier chasseur nocturne conçu à cet effet et un véritable monstre. C’était un avion bimoteur et bipoutre (le fuselage arrière est divisé en deux minces parties), lourdement armé de quatre canons de 20 mm et de quatre mitrailleuses 12,7 mm, pesant jusqu’à 14 727 kg.
Construit à une échelle véritablement américaine, le Black Widow était équipé du radar d’interception aérienne Western Electric SCR-720. Il volait également très bien.
8 : Northrop P-61 Black Widow

Lorsqu’il a été déployé en 1944, les raids nocturnes massifs de bombardiers allemands sur l’Angleterre étaient presque terminés. Cet avion n’est entré en service qu’en 1944 et, bien qu’efficace en tant que de chasseur de nuit, la menace que le Black Widow était censé contrer s’était largement dissipée au moment où l’avion a été déployé sur le théâtre des opérations de Chine-Birmanie-Inde (CBI) et sur le théâtre du Pacifique.
L’avion était sans aucun doute efficace, tant en combat aérien qu’en frappe tactique, mais il était arrivé trop tard pour changer le cours des événements.
7 : Heinkel He 219 « Uhu »

Les différentes sources qui ont étudié les avions allemands pendant la Deuxième Guerre mondiale semblent s’accorder pour dire que le Heinkel He 219 était le meilleur chasseur nocturne. Pourtant, cet avion a été construit en quantité relativement limitée, soit à peu près 300 exemplaires, et n’a jamais vraiment eu l’impact qu’il aurait pu avoir s’il était entré en service avant juin 1943.
L’origine de l’avion remonte à une proposition de 1940 visant un chasseur lourd polyvalent pouvant assumer les fonctions d’avion de reconnaissance et de bombardier torpilleur. Elle s’appuyait sur plusieurs innovations, dont un cockpit pressurisé, un train d’atterrissage tricycle, des barbettes de canons défensifs télécommandées et des sièges éjectables.
7 : Heinkel He 219 « Uhu »

Le 11 juin 1943, un He 219A-0 de présérie effectua son premier vol opérationnel, abattant cinq bombardiers lors d’une mission, malgré une panne des volets de l’avion qui entraîna sa perte à l’atterrissage. Le He 219A de série était un chasseur bimoteur avancé, très bien armé, et équipé du système radar Lichenstein SN-2.
Le He 219A a connu un grand succès, notamment grâce à son taux de réussite élevé contre les bombardiers de nuit de la RAF. Plusieurs pilotes ont remporté un nombre impressionnant de victoires, dont certaines en une seule sortie. Bien armé, bien équipé et facile d’entretien, l’avion était très populaire auprès de ses équipages.
6 : Kawasaki Ki 45 Toryu

Avec sa manœuvrabilité surprenante et ses bonnes performances, le Toryu était tout à fait satisfaisant. Il était armé d’un canon de 20 mm, de deux mitrailleuses de 12,7 mm tirant vers l’avant, ainsi que d’une mitrailleuse défensive de 7,92 mm tirant vers l’arrière. Sa vitesse maximale atteignait 539 km/h à 6100 mètres d’altitude, et son autonomie maximale des réserves internes de carburant était de 2260 km, ce qui est tout à fait honorable.
La première expérience de combat du Toryu a eu lieu en Chine en novembre 1942, et l’avion a été décrit comme étant le bimoteur le plus maniable jamais construit pendant la guerre, capable de surpasser « avec facilité » le P-38 Lightning en manœuvrabilité et d’effectuer des demi-tonneaux, des chandelles et des Immelman « avec élan ».
6 : Kawasaki Ki 45 Toryu

Une version d’attaque au sol, le Ki 45-Kai-Otsu, fut suivie d’une variante de chasse nocturne, le Ki 45— Kai-Ko, équipée de deux canons de 20 mm montés sur le dessus du cockpit, et d’un chasseur jour-nuit à double rôle, le Ki 45-Kai-Hei, avec des modifications apportées à l’armement de tir avant, y compris l’utilisation d’un canon Ho 203 de 37 mm. Le Toryu a été largement utilisé pour défendre les îles japonaises contre les bombardements des B-29 Superfortress.
Son canon de 37 mm s’est avéré très efficace. Une autre version, le Ki 45-Kai-Tei, ajoutait deux canons de 20 mm tirant vers l’avant pour compléter le canon de 37 mm, et était destinée à être utilisée dans le rôle de lutte contre les navires. Elle a toutefois été largement détournée vers les unités de chasse nocturne. La production totale de toutes les variantes du Toryu a été de 1691 exemplaires. L’avion s'est distingué par son efficacité dans tous ses rôles, mais particulièrement en tant que chasseur d’escorte et chasseur de nuit.
5 : Messerschmitt Bf 110

Le Bf 110C a été livré à la Luftwaffe à partir de janvier 1939. Sa vitesse maximale atteignait 541 km/h et son rayon d'action avec du carburant interne était de 1 410 km. Il était équipé de deux canons de 20 mm, de quatre mitrailleuses à tir avant et d’une mitrailleuse défensive à tir arrière.
5 : Messerschmitt Bf 110

Il s'est avéré efficace lorsque la Luftwaffe disposait de la supériorité aérienne, ce qui n'a pas été le cas lors de la bataille d'Angleterre, et les pertes furent importantes, avec 120 Bf 110 abattus au cours du seul mois d'août 1940, bien que certains historiens estiment que sa vulnérabilité a été exagérée. Le Bf 110 a ensuite endossé le nouveau rôle de chasseur nocturne, tout en continuant à être utilisé comme chasseur-bombardier.
Sa production s'est poursuivie jusqu'en mars 1945, avec un total de plus de 6 000 avions, tous modèles confondus. Malgré ses échecs dans la bataille d'Angleterre, le Bf 110 a grandement contribué aux capacités de la Luftwaffe, notamment en tant que chasseur nocturne, mais aussi comme chasseur-bombardier, dans des rôles d'appui aérien rapproché et de reconnaissance.
4 : Bristol Beaufighter

Le Bristol Beaufighter a été développé à partir de novembre 1938 pour répondre au besoin d'un avion d'escorte à long rayon d'action armé de canons et aux besoins d'un chasseur nocturne. Il était très lourdement armé, avec quatre canons de 20 mm dans la partie inférieure du fuselage et six mitrailleuses de 7,7 mm dans les ailes, et avait un rayon d'action de 2 575 km.
Les avions du Fighter Command étaient équipés dès le départ d'un radar, et le Beaufighter I est entré en service dans les escadrons de la RAF le 26 juillet 1940. Le premier succès d'un chasseur nocturne eut lieu le 19 novembre 1940.
4 : Bristol Beaufighter

L’avion a continué à prodiguer ses loyaux services en tant que chasseur d’attaque à long rayon d’action lourdement armé sur tous les fronts, y compris dans le Pacifique. Les Beaufighter 21 de la RAAF ont assuré l’escorte des bombardiers à long rayon d’action lors des opérations d’attaque et de lutte contre les navires, tandis que les Beaufighter X du Coastal Command ont mené des opérations antinavires contre les convois au large de l’Europe, en mer du Nord et en Méditerranée.
À la fin de sa production, 5 928 Beaufighter avaient été construits. L’avion a servi avec efficacité et le dernier vol du Beaufighter de la RAF a eu lieu en 1960. Robuste et lourdement armé, il a été largement utilisé et s’est révélé efficace, autant comme chasseur nocturne que comme avion antinavire, avion d’attaque ou chasseur d’escorte sur les théâtres d’opérations en Europe, en Afrique du Nord et dans le Pacifique.
3 : Junkers Ju 88

Le concept de Schnellbomber reposait essentiellement sur l’idée que, grâce à sa rapidité, un bombardier n’avait pas besoin de canons défensifs, qui sont lourds, complexes et nécessitent plus d’opérateurs. En tant qu’avion conçu pour répondre aux exigences d’un bombardier à grande vitesse, l’inclusion du Ju 88 allemand dans la liste des meilleurs chasseurs bimoteurs peut sembler être une décision étrange, mais, comme nous le verrons, elle ne l’est pas.
Cependant, le cahier des charges, qui prévoyait un avion capable de transporter une charge de bombes normale de 500 kg à une vitesse maximale de 499 km/h pendant 30 minutes, ou à une vitesse de croisière de 451 km/h, et de monter à 7000 mètres en 25 minutes, a donné naissance à un avion extraordinairement efficace et flexible, capable de réaliser bien plus que des bombardements.
3 : Junkers Ju 88

Le Ju 88 était très polyvalent et pouvait être utilisé pour une grande variété de tâches. Il était un avion très important pour la Luftwaffe : il avait d’abord servi comme bombardier moyen à grande vitesse, mais son rôle a ensuite été étendu pour inclure des missions telles que le combat aérien diurne, le combat aérien nocturne (comme on le voit sur cette photo, avec un équipement radar), la reconnaissance stratégique et les armes guidées lancées par avion.
Au total, environ 15 000 avions, déclinés en plusieurs modèles, ont été construits et utilisés par la Luftwaffe sur tous les théâtres d’opérations pendant la Seconde Guerre mondiale.
2 : Lockheed P-38 Lightning

La conception du P-38 était innovante et inhabituelle, puisqu’elle utilisait des moteurs Allison V1710 avec des turbocompresseurs extrêmement encombrants. Deux poutres du fuselage soutenaient les moteurs, le train d’atterrissage principal et le turbocompresseur. Le fuselage formait une capsule contenant à la fois l’armement, la roulette de nez et le pilote.
Le P-38E offrait des performances impressionnantes, avec une vitesse maximale de 636 km/h à 7600 mètres et un rayon d’action maximal de 4 000 km. Son armement se composait d’un canon de 20 mm et de quatre mitrailleuses de 12,7 mm.
2 : Lockheed P-38 Lightning

En combat aérien, sa vitesse, ses performances en altitude et son armement lourd lui permettaient de remporter des victoires considérables. Généralement, il plongeait sur ses adversaires et évitait d’entrer dans un combat aérien tournant. Ces tactiques ont été particulièrement efficaces sur le théâtre des opérations du Pacifique, où les chasseurs japonais, bien qu’ils soient très maniables, étaient relativement vulnérables.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, 10 035 Lightning avaient été construits. L’efficacité du P-38 comme chasseur-bombardier, intercepteur, appareil d’interdiction, avion de combat ou d’observation n’était plus à démontrer. Il fut utilisé dans toutes les zones de conflit, mais c’est au-dessus du Pacifique que ses contributions furent les plus importantes. Il participa aussi aux opérations en Afrique du Nord, en Méditerranée, en Europe du Sud-Est, ainsi qu’aux missions d’escorte et de frappe en Europe de l’Ouest.
1A : De Havilland DH 98 Mosquito

Le Mosquito était un concept controversé, combinant deux excellents moteurs Merlin et l’utilisation d’une construction en bois, une première pour un avion de combat. Cela a donné lieu à un avion brillant qui utilisait la vitesse et l’armement lourd avec efficacité. Sa conception est née de la nécessité de disposer d’un bombardier moyen bimoteur ayant la vitesse de croisière la plus élevée possible, mais pouvant également être utilisé pour d’autres missions, comme la reconnaissance.
Il devait pouvoir transporter 1818 kg de bombes, et son rayon d’action devait être de 4 800 km. La proposition de De Havilland fut rejetée au profit du terrible Avro Manchester, mais les graines avaient été semées pour concevoir un bombardier bimoteur à grande vitesse, fabriqué en bois.
1 : De Havilland DH 98 Mosquito

Le Mosquito a pu offrir des capacités aussi exceptionnelles en partie grâce à son absence d’armement défensif. Cette solution a permis de réduire l’équipage à deux personnes, en se passant du poids, du volume et de la traînée associés à l’armement défensif et à l’hébergement d’un troisième membre d’équipage. Les chasseurs-bombardiers Mosquito ont été utilisés, opérant avec distinction dans des missions aussi diverses que le bombardement de précision à basse altitude, l’intrusion et l’interdiction nocturnes, et les missions antinavires.
Ils ont été utilisés sur tous les fronts, principalement en Europe occidentale, mais aussi en Afrique du Nord et dans la région du Pacifique. Ils se sont également révélés exceptionnels en matière de chasse nocturne et de reconnaissance photographique. Le Mosquito est probablement l’avion de combat polyvalent le plus important de la Seconde Guerre mondiale.
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Licence photographique: https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/deed.en

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